L’adolescent bousculé par les changements qui s’opèrent en lui tant physiques que psychiques ne se reconnaît plus, se cherche. Cela retenti au niveau affectif (tomber en amour), au niveau relationnel (appartenir ou pas au groupe), dans son rapport à lui-même (le spleen, le genre) … Il se dit systématiquement contre pour ne pas sentir combien il est tout contre.
Tout vécu et tout ressenti prend des proportions exponentielles.
Dans ce contexte, l’ado cherche des relations fortes voire passionnelles avec un-e ami-e. Il tente aussi, quand c’est possible pour lui, de se lier à un groupe jusqu’à parfois en adopter les codes voir s’y fondre. L’important pour lui est de trouver un ou des autres à qui il puisse « tout dire » un confident, le « meilleur ami » ; il se reconnaît dans cet autre lui-même dans trouve en lui comme un double idéalisé de lui-même. La force de ces relations s’articulant autour de l’amour/haine rend celles-ci soit précaires soit d’une grande solidité. La vie entière de l’ado tourne autour de ces relations privilégiées. Elles lui sert de contenant, de soutien, de réassurance dans sa quête identitaire.
L’ado trouve dans ces amitiés l’écoute attentive qu’il pense inconditionnelle à laquelle
il aspire ainsi que des réponses sur ce qu’il est en train de vivre. Toute sa vie passe par le filtre de ces relations, le téléphone et les réseaux sociaux y contribuant largement.
Avançant ainsi sur un fil tendu entre l’enfance et ce qui sera le monde de l’adulte, l’ado avance en cherchant un équilibre pour sa construction identitaire.
Et pour diverses raisons, l’adolescent peut se retrouver en difficulté, en souffrance et se sentir dans une impasse dans ce monde dans lequel il tente de trouver des « mêmes ».
Il exprime cela par un symptôme : insomnie, agitation, agressivité, trouble de l’attention, trouble de la relation, état d’anxiété, état dépressif, conduites à risques et/ou addictives, décrochage scolaire…
Il se renferme sur lui-même et devient inaccessible notamment pour son entourage familial.
La souffrance psychique de l’ado est à prendre au sérieux.
Proposer à l’ado un espace d’écoute inconditionnelle et non jugeante avec un psychologue psychanalyste est une façon de l’accompagner dans cette quête identitaire qui est la sienne. Traversé par des confusions, des hésitations, des incohérences, des incompréhensions, l’ado est souvent hermétique à l’idée d’aller parler un « psy ». il a des amis à qui il « dit tout ». il n’a rien à dire de plus.
Après avoir rencontré l’ado avec ses parents, le psychologue psychanalyste met en place un cadre thérapeutique avec l’adolescent lui-même. Ce cadre car l’ado va jouer sur et avec ce cadre. Plutôt prompt à la relation duelle l’ado est souvent surpris par cette position de tiers qui est celle du psychanalyste. Un temps de connaissance est nécessaire afin qu’une alliance thérapeutique puisse se déployer entre l’ado et l’analyste. Et c’est souvent dans un second temps que l’ado comprend que même s’il pense être venu sous « injonction » parentale, cet espace de parole est le sien. Il découvre peu à peu qu’il peut « tout dire » inconditionnellement dans cet espace de psychothérapie où sa parole est accueillie par l’analyste soumis au secret professionnel (sauf en cas de danger pour l’adolescent). Il découvre qu’une psychothérapie lui apprend à se connaître, à se reconnaître, à s’apprécier. Il découvre, finalement, ce que parler veut dire et il en éprouve les effets sur sa vie quotidienne.
Un espace de parole pour un ado est celui dans lequel il va pouvoir librement naviguer avec tout ce qui le traverse d’affects, d’émotions de sensations, de pensées. Cette rencontre avec lui-même parée de tous les affres que cela suscite participe à sa construction identitaire et donc à la connaissance de lui-même. Là est le but thérapeutique de pour se sentir plus en harmonie avec lui-même.